Hypermonde…

20 décembre 2009 par AL Laisser une réponse »

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Unified Combatant Commands map 2008

« Votre pessimisme a pour lui une haute tradition littéraire et des faits aussi éclatants qu’innombrables… Je ne crois pas que votre hypothèse soit celle qui a le plus de chance de se réaliser. II reste qu’elle en a quelques unes ; et c’est assez pour justifier votre sanglant mépris et votre humour au vitriol. Que ceux de vos semblables dont vous froisseriez la susceptibilité veuillent bien se regarder dans la glace et réfléchir. » Non identifié, Correspondance, c. à propos de Régis Messac, 1935

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Unified Combatant Commands map 2007

« Ce sont les mondes hors du monde, à côté du monde, au-delà du monde, inventés, devinés ou entrevus par des hommes à la riche imagination, des poètes. Il faut pour les visiter entreprendre les voyages imaginaires, les voyages impossibles. » Régis Messac, 1935

Je qualifie cette époque, la nôtre, d’hypermoderne. Il ne s’agit pas de la fin de la modernité (raison pour laquelle je n’emploie pas le terme de postmodernité), mais de son accélération dans une direction où l’autonomie se fait échec à elle-même. L’hypermodernité carbure au déni de l’altérité radicale, au déni de l’incomplétude de l’Autre. Ce déni s’inscrit dans le mouvement de réduction de l’altérité, inauguré par la modernité, qui devient « excessif » dans l’hypermodernité. Tout ce qui peut se présenter comme figure d’altérité y passe : l’autorité, la hiérarchie, le sacré, le corps, le temps, le désir, la finitude, la présence, la différence… L’altérité ne disparaît pas bien sûr, c’est plutôt sa reconnaissance sociale qui tend à disparaître. Est plutôt reconnue une autonomie qui rime avec indépendance. La promotion contemporaine de l’autonomie évacue le plus possible la rencontre avec l’altérité, la rencontre conflictuelle avec l’Autre, d’où la multiplication de modalités auto-… (autoévaluation, autolimitation, autogestion, autoréférence, autosatisfaction…). Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’humanisation sans altérité, ni d’autonomie non plus. Moins le sujet rencontre l’altérité, moins lui est-elle imposée par l’organisation sociale, plus se l’imposera-t-il et, assez souvent, de manière féroce (violence envers soi-même, attaque de panique, addiction…). Rencontrer l’altérité devient de plus en plus insupportable. L’homme contemporain se sent vite victime de l’Autre, victime du désir de l’Autre. Est-il étonnant que pour plusieurs, la moindre rencontre avec l’altérité (l’altérité de son corps, une rencontre amoureuse, un conflit…) devienne vite angoissante, traumatisante ? »

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Drapeau de l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR)

Vers une désublimation :

Le toutalisme n’élimine pas ce qu’il dénie. Les hommes et les femmes d’aujourd’hui doivent toujours faire face au réel, ils parlent encore avec des mots qui peuvent être source de malentendus, ils continuent de se référer à des institutions pour vivre ensemble, ils s’interrogent toujours sur le sens de leur vie… Le toutalisme n’englobe pas tout l’espace social, il existe encore des sujets et des discours qui résistent et se font entendre par leurs créations, par leurs symptômes, par leurs désirs. Néanmoins, le toutalisme est une tendance lourde, redoutable par l’efficacité qui est la sienne à offrir au sujet contemporain un prêt-à-porter (ou un prêt-à-réaliser) à son fantasme. Sa force d’attraction donne l’illusion d’un moindre coût psychique pour vivre et atteindre le bien-être. Le retour de ce qui est socialement dénié porte toutefois directement atteinte à la dite santé mentale, celle-ci étant ensuite traitée « toutalistiquement » !

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Drapeau de l’Union Européenne (U.E.)

(…) Une société doit impérativement cultiver le champ culturel qui est cet espace de discours à l’intérieur duquel se logent les significations collectives, circulent les signifiants qui permettent au sujet de reconnaître sa singularité, sont débattues et critiquées les idées qui divisent la société. Une culture doit favoriser la socialisation de la pulsion, en reconnaissant qu’il y aura toujours un reste qui y résistera ; c’est d’ailleurs en réponse à ce reste que la culture se déploie. Une culture toutalistique est condamnée, à terme, à se détruire – la précarité grandissante de la dite santé mentale en est un indice inéluctable.

(…) Le sujet contemporain ne vit plus dans un régime hétéronome, ni dans un régime autonome. Il vit dans un régime autonome qui se retourne contre lui-même. Voilà ce qui ne tourne pas rond.
(… suite texte Le toutalisme hypermoderne I), Martin Pigeon

Références :
Quinzinzinzili, Régis Messac, 1935
Village planétaire
Mondialisation
Hypermonde
Hypermodernité
Nouvel ordre mondial
Gouvernance mondiale
Supranationalisme

Union nord-américaine (N.A.U. ou U.N.A.)
Union des Nations Sud-Américaines (U.N.A.SUR)
Amérique centrale (S.I.C.A.)
Union Européenne (E.U. ou U.E.)
Conseil de coopération du Golfe (C.C.G.)
États-Unis d’Afrique (UA)
Communauté économique eurasiatique (C.E.E.A. ou E.U.R.A.S.E.C.)

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