Archive pour le ‘Cinema’ catégorie

Agapē…

2 mars 2011

Le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles. Gandhi

nullAlexandre Farto

Les prophètes décrivent leur vision comme quelque chose de bien réel, qu’ils ont vu avec leur oeil immortel; il en est de même des apôtres, l’oeil de lumière perçoit distinctement les objets. Un Esprit, une vision ne sont pas, contrairement à ce qu’en pense la philosophie moderne, des phénomènes nébuleux, ou du néant : ce sont des phénomènes qui procèdent d’un degré d’organisation dépassant infiniment les pouvoirs de la nature mortelle. Celui qui ne «voit» pas plus distinctement, plus clairement, plus fortement et plus lumineusement qu’avec son oeil mortel, celui là ne «voit» pas. William Blake

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Alexandre Farto

Le champignon, comme toutes les substances psychédéliques naturelles, nous permet de voir, plus fortement et plus lumineusement qu’avec notre oeil mortel, bien au delà des horizons de cette vie passagère; il nous permet de voyager dans le temps, de traverser d’autres niveaux de réalité, de connaître d’autres plans d’existence, comme disent les Indiens, il permet de voir dieu. Quoi d’étonnant à ce que les participants se sentent indissolublement lies à l’agape ? Quoi d’étonnant à ce que la personnalité soit éclipsée, dès lors que le corps et l’esprit sont restaurés dans un état natif! Tout ce que l’on voit cette nuit là baigne dans la clarté de l’origine : le paysage, les maisons, les ustensiles quotidiens, les animaux, tout est calmement irradié par la lumière primordiale; on dirait que les choses viennent juste d’être fabriquées par le Créateur!

Erik Johansson, Gå din egen väg

Cette totale nouveauté — on dirait l’aube de la création — vous submerge et vous enveloppe, vous dissout dans sa beauté inexprimable. Et, naturellement, vous avez le sentiment d’être pris dans un événement, de participer d’une dimension qui transcendent infiniment le traintrain de la vie quotidienne. Ici et maintenant, je vois pour la première fois, je vois directement, sans l’aide des yeux mortels. Et pendant tout le temps que vous « voyez ». la prêtresse chante, elle ne chante pas fort, mais avec autorité. Les Indiens n’ont pas l’habitude de manifester leurs états intérieurs, sauf en des occasions comme celle ci.


William Blake, The Great Red Dragon and the Woman Clothed with the Sun, pen and watercolour, 435 x 345 mm, 1805

Platon nous dit qu’au delà des apparences éphémères de ce monde illusoire, il y a un monde idéal, le monde des Idées, où les choses existent avec leur visage originel, dans leur forme éternelle. Pendant deux millénaires, les philosophes se sont acharnés à peser et à discuter sa «théorie». D’où Platon tire-t-il ses conceptions ? Pour moi, la chose est claire, comme elle l’était aussi pour ses contemporains. Platon avait bu le breuvage à Eleusis et il avait eu la Vision cette nuit-là. D’après l’article « Le champignon divin de l’immortalité » sur R. Gordon Wasson.


Ex drummer réalisé par Koen Mortier 2007, 104 minutes.

Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. Gandhi

CsO…

16 novembre 2010

on ne délire pas sur papa-maman, on délire le monde. L’Abécédaire, Gilles Deleuze

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Steve Reich, 2009, 52mn, ARTE F

Très cher père,
Tu m’as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d’habitude, je n’ai rien su te répondre, en partie justement à cause de la peur que tu m’inspires, en partie parce que la motivation de cette peur comporte trop de détails pour pouvoir être exposée oralement avec une certaine cohérence. Et si j’essaie maintenant de te répondre par écrit, ce ne sera encore que de façon très incomplète, parce que, même en écrivant, la peur et ses conséquences gênent mes rapports avec toi et parce que la grandeur du sujet outrepasse de beaucoup ma mémoire et ma compréhension.


L’âge des ténèbres, Denys Arcand, Canada – 2006 – 111mn

En ce qui te concerne, les choses se sont présentées très simplement, du moins pour ce que tu en as dit devant moi et, sans discrimination devant beaucoup d’autres personnes. Tu voyais cela à peu près de la façon suivante : tu as travaillé durement toute ta vie, tu as tout sacrifié pour tes enfants, pour moi surtout ; en conséquence, j’ai « mené la grande vie », j’ai eu liberté entière d’apprendre ce que je voulais, j’ai été préservé des soucis matériels, donc je n’ai pas eu de soucis du tout ; tu n’as exigé aucune reconnaissance en échange, tu connais « la gratitude des enfants », mais tu attendais au moins un peu de prévenance, un signe de sympathie ; au lieu de quoi, je t’ai fui depuis toujours pour chercher refuge dans ma chambre, auprès de mes livres, auprès d’amis fous ou d’idées extravagantes ; je ne t’ai jamais parlé à coeur ouvert, je ne suis jamais allé te trouver au temple, je n’ai jamais été te voir à Franzensbad, d’une manière générale je n’ai jamais eu l’esprit de famille, je ne me suis jamais soucié ni de ton commerce, ni de tes autres affaires, j’ai soutenu Ottla dans son entêtement et, tandis que je ne remue pas le petit doigt pour toi (je ne t’apporte même pas un billet de théâtre), je fais tout pour mes amis.


Au lendemain de la mort de sa femme, un homme se révèle incapable de surmonter son chagrin.
Believe, Paul Wright, Royaume-Uni, 2009, 35 mm, 20mn

Si tu résumes ton jugement sur moi, il s’ensuit que ce que tu me reproches n’est pas quelque chose de positivement inconvenant ou méchant (à l’exception peut-être de mon dernier projet de mariage), mais de la froideur, de la bizarrerie, de l’ingratitude. Et ceci, tu me le reproches comme si j’en portais la responsabilité, comme s’il m’avait été possible d’arranger les choses autrement ― disons en donnant un coup de barre ―, alors que tu n’as pas le moindre tort, à moins que ce ne soit celui d’avoir été trop bon pour moi. Franz Kafka, Lettre au mon père, 1919.

NB: A la fin de cette lettre, on peut y découvrir un message d’espoir; en effet, Kafka écrit qu’il espère que cette lettre va les apaiser et leur « rendre à tous deux la vie et la mort plus faciles.

PS: Je t’aime…

Références :
Librairie immateriel
Corps-sans-organes
Pierre-André Boutang

Le vide…

10 mai 2010

As-tu reçu l’enseignement du sage gourou initié au mystère du bardo ?

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Enter the void : VFX shots

Si tu l’as reçu, rappelle-le à ta mémoire et ne t’en laisse pas distraire par d’autres pensées. Conserve fermement ton esprit lucide. Si tu souffres, ne t’absorbe pas dans la sensation de la souffrance. Si tu éprouves un reposant engourdissement d’esprit, si tu te sens t’enfoncer dans une calme obscurité, un apaisant oubli, ne t’y abandonne pas.

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Enter the void : VFX shots

Demeure alerte. Les consciences qui ont été connues comme étant (nom du mourant) tendent à se disperser. Retiens-les unies par la force de l’Yid kyi namparshéspa. Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo. Fais appel à ton énergie pour les voir en franchir le seuil en ta pleine connaissance.

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Li Wei, 25层自由度 / 25 levels of freedom, 2004,06.19, Beijing, 150x150cm, 100x100cm.

La clarté fulgurante de la Lumière sans couleur et vide va, plus rapide que l’éclair, t’apparaître et t’envelopper. Que l’effroi ne te fasse point reculer et perdre conscience. Plonge-toi dans cette lumière. Rejetant toute croyance en un ego, tout attachement à ton illusoire personnalité, dissous son Non-être dans l’Être et sois libéré.

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Yves Klein, Leap into the Void (Saut dans le Vide), Fontenay-aux-Roses, France, October 1960.

Peu nombreux sont ceux qui, n’ayant pas été capables d’atteindre la Libération au cours de leur vie, l’atteignent à ce moment si fugitif qu’il peut être dit sans durée. Les autres, sous l’effet de l’effroi ressenti comme un choc mortel, perdent connaissance. Début de la récitation : le chikhai bardo extrait de Textes Tibétains inédits traduit par Alexandra David-Néel.

Références :
Bardo Thödol
DMT
Gaspard Noé
Enter the void
Buf

Mammuth…

3 mai 2010

Toute l’intelligence du monde est impuissante contre une idiotie à la mode. Anonyme

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Nick van Woerth, Spitting Image, 2009, plaster bust, paper spitwads and glue, 34x18x12 cm

Moi, je suis ailleurs. Je ne suis pas acteur. Je suis dans la vie. Je fais mon boulot, je suis payé, je m’amuse. Toujours. Je n’ai jamais fait ce métier par vocation. Ma vocation, c’est aventurier. Explorateur de l’existence. C’est ce qui me rend libre. Je l’ai toujours eue en moi. Mais cela ne s’apprend pas. Je pense chaque fois à Picasso. Son génie n’est pas dans la maîtrise de son art, ni même dans sa connaissance, mais dans sa capacité à voler les choses de la vie, qu’il savait déchiffrer avant tout le monde. Voilà un grand aventurier de la vie. Moi, j’ai fait ce que j’ai pu. Ce dont je me suis rendu compte très tôt, c’est que je ne pouvais pas faire les choses seul. D’où mon désir de rencontres. J’ai longtemps été complexé par le manque d’éducation scolaire, que je ne confonds pas avec le manque de savoir.

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Sam Jinks, Untitled, 2007, silicon, paint & human hair.

Et il m’a fallu du temps pour réaliser la chance que j’avais, en fait. Je suis comme tous les mecs qui n’ont pas été à l’école, j’aime lire et j’aime apprendre. Oui, une grosse éponge. Il n’y a aucun problème. Je préfère être une grosse éponge qu’un pète-sec sans âme. C’est toujours excitant de regarder ce qui se passe autour de soi et comment les choses bougent. Tout se transforme, rien n’est figé. Ce à quoi il faut faire attention, c’est l’uniformisation. En tout. (…) Ce qui est important, c’est la façon dont tu te traites, toi. Oui, si on est suffisamment libre pour savoir ce que l’on veut. Les artistes sont des gens étranges. Pas faciles à vivre. Mais j’ai une grande admiration pour eux.

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Ron Mueck, Untitled (Big Man), 2000, mixed media, modif AL.

Moi, comme je viens de nulle part, j’ai toujours eu la chance d’avoir une sortie de secours dans la tête. Étant livré à moi-même très tôt, j’ai développé un instinct qui m’a permis de savoir avec qui avancer. Et vers où. Jamais. Surtout pas de contrainte. Aujourd’hui, je ne sais pas trop. Mais un type comme Marcel Duchamp, par exemple, dérangeait. Il a réalisé 47 tableaux, qui étaient en fait 47 idées. Chaque fois, il se pose une question. Quant à la politique, elle me semble trop perverse. Pas honnête, en tout cas. Je ne m’en mêle pas, elle ne m’intéresse pas.

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Patricia Piccinini, The Young Family, 2002-3, silicone, acrylic, human hair, leather, timber, 80 x 150 x 110 cm (irreg.)

Je ne sais même pas si je suis français. Je me sens davantage citoyen du monde. (…) je n’ai qu’une envie : regarder les gens simplement, à hauteur d’homme. Ce qui est terrible actuellement, c’est cette assurance qu’apporte la technique. Le beau, c’est quand rien n’est sûr. Et quand rien n’est sûr, il faut faire un effort sur soi pour arriver à quelque chose. Je ne me pose pas la question. Le bonheur et le malheur deviennent vite des obsessions si tu y penses. Il vaut mieux avancer. Et garder son jardin secret. (…suite interview) par Éric Libiot de Gérard Depardieu

Références :
Münch Mammuth

Stratégie K…

13 février 2010

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“Quand je me suis lancé dans Ashes and Snow en 1992, je voulais explorer les relations entre les hommes et les bêtes de l’intérieur vers l’extérieur. En découvrant un langage partagé et des sensibilités poétiques communes à toutes les espèces animales, je travaille à restaurer le lien qui existait quand l’homme vivait en harmonie avec les animaux.” Gregory Colbert

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