Le monde comme volonté et comme papier peint, Consortium de Dijon.
(…) La plus belle image de l’amour, je vous dis, c’est quand une femme un homme vont pour démarrer sur une motocyclette. Au moment même où le garçon appuie sur la vitesse, la fille entoure son buste de son bras arrondi, et elle penche la tête sur son épaule. (…)
Edouard Glissant, Marie-Galante, La cohée du lamentin, poétique V, 2005
Iguana wallpaper
(…)
Choses écartez-vous faites place entre vous
place à mon repos qui porte en vague
ma terrible crête de racines ancreuses
qui cherchent où se prendre
Chose je sonde je sonde
moi le portefaix je suis porte-racines
et je pèse et je force et j’arcane
j’omphale
Ah qui vers les harpons me ramène
je suis très faible
je siffle oui je siffle des choses très anciennes
de serpents de choses caverneuses
Je or vent paix-là
Aimé Césaire, Corps perdu (extrait), In cadastre, suivi de moi, laminaire…, 1961
Illustration de l’édition originale de Die Rebellion der Gehenkten (photo B Traven)
Vivre dans une commune indienne et s’y sentir bien, heureux, présuppose que vous y êtes né et que vous y ayez grandi. (…) s’il fallait vivre dans un état aussi primitif, la vie paraîtrait à un homme civilisé si pauvre, si dépouillée, si aride, si incolore, qu’il considérerait qu’elle ne vaudrait pas la peine d’être vécue. L’Indien du Chiapas « ne participe pas à la civilisation. Or si cette civilisation instille aussi bien des poisons dans la vie des hommes, elle peut d’un autre côté rendre cette vie suffisamment riche pour qu’ils acceptent le goût amer du poison qui l’accompagne ». B Traven
Marie-Angélique Memmie Le Blanc
Ces archives attestent que l’unique enfant qui eût pu survivre une décennie en forêt sans altération irréversible de son corps et de son esprit, fut une petite Amérindienne du peuple des Renards (actuellement les Fox ; États-Unis), emmenée en France par une dame du Canada qui eut le malheur d’aborder à Marseille lors de la grande peste de 1720.
Évadée lors de la terrible épidémie dont elle eut dû être la victime, Marie-Angélique parcourut sur des milliers de kilomètres les forêts du royaume de France, avant d’être capturée en Champagne, en 1731, dans un fort état d’ensauvagement. Durant cette décennie, elle n’a pas vécu au sein des loups, mais survécu au péril de ceux-ci, s’étant armée d’un gourdin et d’une arme métallique, volée ou découverte. Lorsqu’elle fut capturée, cette chasseresse noirâtre, chevelue, griffue, présentait certes des éléments de régression (elle s’agenouillait pour boire l’eau et ses yeux étaient animés d’un battement latéral permanent, tel un nystagmus, stigmate de sa vie dans l’alerte), toutefois, cette enfant avait triomphé d’un défi inouï, non tant la lutte contre le froid, les loups et la faim, mais bien le combat de préserver son langage articulé, fut-ce après une décennie de mutisme, de parole envolée.
The NIH Human Connectome Project 2011
il arrive plus ordinairement qu’un Français se fasse sauvage, qu’un sauvage devienne français… L’aventure oubliée de la nouvelle france, Gilles Havard.
Références:
Arthur H & Nicolas Repac, L’or Noir, poétika musika, 2012
Blog sur Marie Angelique
Nystagmus