Archive pour juin 2010

Agents énigmatiques…

9 juin 2010

Un milieu vécu optimal (ce que le sujet peut) dans un environnement pessimal (l’infinité indiscernable de la nature). Jakob von Uexkül


Crested black macaque, photo stories by Stefano Unterthiner

Les recherches de Uexküll sur le milieu animal sont contemporaines de la physique quantique et des avant-gardes artistiques. Comme celles-ci, elles expriment l’abandon sans réserves de toute perspective anthropocentrique dans les sciences de la vie et la radicale déshumanisation de l’image de la nature. Là où la science classique voyait un monde unique, qui comprenait à l’intérieur de lui-même toutes les espèces vivantes hiérarchiquement ordonnées, des formes les plus élémentaires jusqu’aux organismes supérieurs, Uexküll suppose au contraire une infinie variété de mondes perceptifs, tous également parfaits et liés entre eux comme sur une gigantesque partition de musique, quoique non communicants et réciproquement exclusifs, et au centre desquels se tiennent de petits êtres à la fois familiers et lointains.


Lycaons, My most beautiful holiday’s pictures, Vol. 2″ de Berfak Kinken

« les corps ne se définissent pas par leur genre ou leur espèce, par leurs organes et leurs fonctions, mais par ce qu’ils peuvent, par les affects dont ils sont capables, en passion comme en action. Vous n’avez pas défini un animal tant que vous n’avez pas fait la liste de ses affects. En ce sens, il y a plus de différences entre un cheval de course et un cheval de labour qu’entre un cheval de labour et un bœuf. » Gilles Deleuze

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Crested black macaque, photo stories by Stefano Unterthiner

Art de la composition de rapports, agencement de relations extérieures au sujet en mode point contrepoint, mondes animaux et cartographie des affects, puissance et limite plutôt que forme et contour, etc. Les points de rencontre et de résonance semblent nombreux. L’un d’entre eux concerne l’absence d’intériorité autonome du sujet. Pour l’auteur, l’intérieur n’est qu’un extérieur sélectionné, l’extérieur, un intérieur projeté.

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Impalas, My most beautiful holiday’s pictures, Vol. 2″ de Berfak Kinken

Autrement dit, les relations sont extérieures au sujet qui les ordonne, elles sont dans le milieu, le temps et l’espace vécus. Autre point prégnant, la récusation sans cesse réaffirmée de toute forme d’anthropomorphisme: «notre premier soin doit donc être de dégager l’examen des milieux de toute forme erronée de finalité. […] Trop souvent nous nous imaginons que les relations qu’un sujet d’un autre milieu entretient avec les choses de son milieu prennent place dans le même espace et dans le même temps que ceux qui nous relient aux choses de notre monde humain. Cette illusion repose sur la croyance en un monde unique dans lequel s’emboîteraient tous les êtres vivants. (… suite du texte) Vision transverse : de l’éthique à l’éthologie

Références :
Éthique
Éthologie