Archive pour avril 2011

Onkalo…

25 avril 2011

Nous estimons que le pouvoir et la capacité de se rendre malade sont une caractéristique essentielle de la philosophie humaine. Georges Canguilhem

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Michel Madsen, Into eternity, 2011, 75min, a documentary on the safety of nuclear storage.

Face à ces incertitudes il est possible d’attendre que la connaissance progresse avant d’agir, ou encore d’essayer de trouver un futur plus probable et d’agir en fonction de ce futur. Ces deux attitudes sont dangereuses, d’autant plus que des possibilités de catastrophes sont possible, mais avec des probabilités faibles, ou que des conséquences irrévesibles ont lieu. Le principe de précaution stipule justement qu’il faut prendre en compte ces incertitudes et les inclure dans la décision. (…) Il est également admis que l’application du principe de précaution ne doit pas non plus fermer le futur et que les solutions choisies doivent permettre de changer d’avis lorsque l’incertitude diminue. (…suite article) Les problèmes environnementaux globaux: Décision sous incertitude. Patrice Dumas

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Eugenio Merino, 2008, A una patada de la extincion, poliester, fiberglass, enamel.

Si la force immanente à la vie était une force illimitée, elle eût peut-être développé indéfiniment dans les mêmes organismes l’instinct et l’intelligence. Mais tout paraît indiquer que cette force est finie, et qu’elle s’épuise assez vite en se manifestant. Il lui est difficile d’aller loin dans plusieurs directions à la fois. (La vie aurait donc en elle une force et un élan, un moteur et une direction). L’idée est que l’évolution est imprévisible, que “le monde va à l’aventure”, qu’il “s’invente sans cesse” sans que le chemin qu’il trace derrière lui ne préexiste au voyage, d’une façon ou d’une autre. L’Évolution Créatrice, Henri Bergson.

Chamane en transe, Mongolie, 1934

Femme-qui-change donna naissance aux deux Jumeaux, Tueur de Monstres conçu avec le Soleil et Né de l’Eau, conçu par la pluie. Les deux jumeaux ignorent leur filiation paternelle et se mettent en quête de la trouver, après des épreuves terribles. Le Soleil finalement les reconnait et leur fait cadeau de la médecine et des armes nécessaires pour débarasser la terre de ses monstres. Emerge alors le peuple des hommes médecines. Femme-qui-change, qui, sans cesse passe, de la jeunesse à la vieillesse reconquiert alors sa beauté et une éternelle jeunesse. (…Suite texte) Peuple Navajo, La mystérieuse voie du projectile.

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Edward S. Curtis, A Cree girl, The garment here illustrated is a robe of twined strips of rabbit-fur. 1926

    Silencieuse jusqu’au dégel
    Son nom raconte comment
    cela se passait avec elle.
    La vérité est qu’elle ne parlait pas en hiver.
    Chacun avait appris à ne pas
    lui poser de questions en hiver
    une fois connu ce qu’il en était.
    Le premier hiver où cela arriva
    Nous avons regardé dans sa bouche pour voir
    si quelque chose avait gelé
    Sa langue peut-être ou quelque chose d’autre au-dedans.
    Mais après le dégel, elle se remit à parler
    Et nous dit que c’était merveilleux ainsi pour elle.
    Ainsi, à chaque printemps
    Nous attendions, impatiemment.
    Poème Indien Cree, Samuel Makidemewabe, Swampy Cree du Canada.

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Shane McInnes, a Kakapo, a flightless parrot from New Zealand, The World’s Rarest Birds 2011.

Des années d’amour ont été effacées par la haine d’une seule minute. Edgar Allan Poe


Human Mammal, Human Hunter – Attenborough – Life of Mammals – BBC

Références:
Onkalo

Borderline…

20 avril 2011

Cela devait être pour aujourd’hui, femme à la girouette tatouée, une personnalité limite ?

nullCurtis, Edward S, Old Navajo Indian seated in doorway of hogan, 1901.

    Asdzaa nadleehé
    Femme-qui-change
    S’habille de blanc quand il fait froid
    En hiver, nous marchons délicatement
    Sur sa robe de neige
    Ceux qui laissent de profondes empreintes
    Ne reçoivent pas sa bénédiction
    Ceux qui se servent d’elle, la violent
    Gâchent sa générosité
    Ceux qui dérobent les trésors de son sol
    Ne peuvent pas connaître
    La beauté de
    Femme-qui-change
    Ni ne peuvent d’ailleurs la blesser
    Car sa loyauté va au-delà de notre portée…
    Poème Navajo

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« Yoko Sukimoto, 28 ans », 12 mars 2011, Tadashi Okubo, Yomiuri Shimbun.

Le voyage de la vie est toujours plus facile en compagnie d’un ami. Anonyme

Références:
Syndrome borderline, trouble de la personnalité de type limite.
Witness: Disaster in Japan | National Geographic Channel

Hozho…

16 avril 2011

Je suis un homme-singe, l’homme est un singe comme les autres. Volker Sommer

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Franz Xaver Messerschmidt, L’homme de mauvaise humeur, tête de caractère - Musée du Louvre.

L’artiste se disait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir moralement et physiquement, notamment dans le bas-ventre et les cuisses. Il se regardait dans un miroir, se pinçait le corps en faisant diverses grimaces. Avec celles-ci, il entendait changer les expressions de son visage de manière à devenir maître de l’esprit des proportions qui le tourmentait. Friedrich Nicolai à propos de Franz Xaver Messerschmidt

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Michael Landy’s, Art Bin, a giant container for the disposal of works of art at the South London Gallery, January 2010

On ne peut battre son adversaire que par l’amour et non la haine. La haine est la forme la plus subtile de la violence. La haine blesse celui qui hait, et non le haï. En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur. Etes-vous hindouiste ? Oui je le suis. Je suis aussi un chrétien, un musulman, un bouddhiste et un juif. Les systèmes économiques qui négligent les facteurs moraux et sentimentaux sont comme des statues de cire : ils ont l’air d’être vivants et pourtant il leur manque la vie de l’être en chair et en os. Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre. Gandhi

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Jack Nicholson / Jack Torrance, All work and no play makes Jack a dull boy, Shining (The Shining), Stanley Kubrick, 1980.

Ces figures de l’ordre sont inséparables de l’irruption du désordre, qui vient bousculer les plus belles ordonnances. Ce qui se joue chez Kubrick, c’est le conflit entre la raison et la passion, cette invasion des pulsions refoulées qui se cachent sous le vernis de l’homme civilisé. (…) Le plus souvent, c’est une caméra à la main tenue par Kubrick lui-même ou la Steadicam qui exprime la confusion, le déséquilibre ou le chaos. (… suite article), Michel Ciment.

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Overlook Hotel, July 4th Ball 1921, Shining (The Shining), Stanley Kubrick,1980.

J’ai une certaine faiblesse pour les criminels et les artistes; ni les uns ni les autres ne prennent la vie comme elle est. Toute histoire tragique doit être en conflit avec les choses comme elles sont. Stanley Kubrick

Chant Navajo pour apaiser la colère d’un ennemi

    Abandonne tes pieds au pollen.
    Abandonne tes mains au pollen.
    Abandonne ta tête au pollen.
    Alors tes pieds sont le pollen,
    ton esprit est le pollen,
    ta voix est le pollen.
    La piste est belle.
    Sois tranquille.

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Curtis, Edward S, A Navaho smile, 1904.

La voie de la beauté, La voie de l’ennemi, la voie de la bénédiction et beaucoup d’autres, ont chacune vocation à être conduite par un « hataali » (littéralement « chanteur », incorrectement traduit par « shaman »). Les hommes-medecine navajo recoivent une initiation très jeune. Ils doivent apprendre à maitriser la Voie de la Bénédiction et son opposée, la Voix de l’Ennemi. Une cérémonie importante est celle de la Kinaaldá , liée à la Voie de la Beauté. Elle est destinées aux jeunes filles, pour les accompagner à l’époque de la puberté, « les rendre plus fortes, indépendantes d’esprit » dit le chanteur Sam Begay. La cérémonie dure une journée, et permet à la jeune fille d’aborder son nouveau statut de femme avec confiance. Société matrilinéaire, la femme a une place privilégiée au sein du peuple Navajo. Un Navajo appartient au clan de sa mère, étant seulement « né pour » celui de son père.

La voie de l’Ennemi ne peut se pratiquer hors des frontières de la Nation Navajo, pendant l’été. Actuellement, elle est prodiguée aux soldats revenant d’Irak. « Si votre esprit à reçu l’ordre de tuer, il est imprégné de cet ordre, et il faut l’extraire » explique le Docteur Alvord. Dans cette voie, 2 jeunes femmes Bispali et Glispah sa soeur cadette sont données en butin aux vainqueurs d’une bataille, deux vieillards capables de prendre l’apparence de la jeunesse et de la beauté. Les deux jeunes filles vont s’enfuir : Bispali à l’ouest deviendra l’héroïne de la voie de la Montagne et Glispah à l’Est, celle de la voie de la Beauté.

Nommée aussi voie du serpent, la voie de la Beauté conte les aventures de Glispah au pays souterrain du peuple Serpent. Elle va apprendre à contrôler les forces de la fécondité, à la suite de multiples aventures. Mariée à l’Homme Serpent, elle reviendra sur terre pour enseigner aux hommes la voie de la Beauté, puis retournera vivre parmi le peuple serpent. Elle règne sur les nuages, la pluie, la végétation.

Références:
Hozho
Blackfire, groupe Navajo
Arizona dream
Nation Navajo
Editions Nuage Touge

L’ennemi…

4 avril 2011

Parce que ce dont on ne se souvient pas, révèle ce qu’on ne peut oublier. Alejandro González Iñárritu à Maria Eladia


Spinning Thread on Bare Knee, old witch doctor, Skenna River Indians. Between ca. 1900 and ca. 1930.

(suite article…) Maintenant, il y a deux mondes à l’intérieur de ma tête, et ils peuvent se parler. Ils ne sont plus séparés. Ensemble, ils forment un monde plus grand. Ce n’est pas de la schizophrénie, mais du bilinguisme, du bi-cognitivisme. Maintenant que je dispose d’un autre angle, je vois plus de sens dans le monde, et également plus de mystère. Jeremy Narby

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Nomads of western Tibet: the survival of a way of life Par Melvyn C. Goldstein, Cynthia M. Beall

L’artiste peintre, l’écrivain, le compositeur, le penseur, l’homme de dieu, l’homme de Néandertal, le philosophe, l’homme de science tel que Einstein, Nobel et tous ceux qui ont marqué leur siècles et les siècles, je les considère comme des îles à eux seuls, produits de dégazage d’une pensée Humaine volcanique qui s’est solidifiée. Tels des planètes, des astres, des nébuleuses qui gravitent dans le cosmos de l’Humanité. (…suite article) L’art et la culture par Malek Gouni.

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Le Japon dévasté, le 13 mars 2011. Photo Dylan McCord.

    Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
    Traversé çà et là par de brillants soleils;
    Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
    Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

    Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
    Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
    Pour rassembler à neuf les terres inondées,
    Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

    Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
    Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
    Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

    - O douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
    Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
    Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

    Charles Baudelaire

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Félicien Rops, Pornokratès ou « la dame au cochon », 1896, crayon et aquarelle sur papier, 70 × 45 cm.

Certains voient en ce cochon à la queue dorée l’image de la luxure et du lucre pilotant la femme, qui n’a pour seule excuse que son aveuglement; d’autres y perçoivent l’image de l’homme, bestial et stupide, mené en laisse par la femme. Cette image du cochon, comme celle du pantin ou du pierrot, est partagée par bien des contemporains de Rops. Avec Pornokrates, nous assistons à l’avènement en art d’une femme contemporaine, arrogante, parée, impitoyable que glorifie Rops. Textes: B. Bonnier, N. Malinconi, V. Carpiaux

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Félicien Rops, Pornokratès ou « la dame au cochon », 1896, crayon.

Ma Pornocratie est faite. Ce dessin me ravit. Je voudrais te faire voir cette belle fille nue chaussée, gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un cochon à « queue d’or » à travers un ciel bleu. Trois amours – les amours anciens – disparaissent en pleurant (…) J’ai fait cela en quatre jours dans un salon de satin bleu, dans un appartement surchauffé, plein d’odeurs, où l’opopanax et le cyclamen me donnaient une petite fièvre salutaire à la production et même à la reproduction. Lettre de Félicien Rops à H. Liesse, 1879.

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Félicien Rops, L’initiation sentimentale, 1887, crayon et aquarelle sur papier H. 29,2 ; L. 18,2 cm, musée d’Orsay.

Je tâche tout bêtement et tout simplement de rendre ce que je sens avec mes nerfs et ce que je vois avec mes yeux, c’est là toute ma théorie artistique. J’ai encore un autre entêtement, c’est celui de vouloir peindre des scènes et des types de ce XIXe siècle, que je trouve très curieux et très intéressant; les femmes y sont aussi belles qu’à n’importe quelle époque, et les hommes sont toujours les mêmes. De plus, l’amour des jouissances brutales, les préoccupations d’argent, les intérêts mesquins, ont collé sur la plupart des faces de nos contemporains un masque sinistre où l’instinct de la perversité, dont parle Edgar Poe, se lit en lettres majuscules; tout cela me semble assez amusant et assez caractérisé pour que les artistes de bonne volonté tâchent de rendre la physionomie de leur temps. Félicien Rops

Références:
Library of congress
Slate
Hôpital Marmottan
Psychanalyse dans tous ses états, Malek Gouni, blog médiapart.
Musée Rops